Je montrai mon invitation, ainsi que ma carte d'identité. Sur les deux était inscrit mon nom : Maysilee River. Bien sûr, ce n’était pas ma véritable identité mais vu la qualité des imitations, l'homme à l'entrée aurait bien du mal à me démasquer. Je passe sans problème la sécurité, gratifiant d'un sourire charmeur les deux hommes en costumes et lunettes noires. A l’intérieur du bâtiment, tout est luxueux, du sol à plafond, des tables aux lustre suspendus au-dessus de ma tête.  Je commençais à m’habituer au luxe. Bien que cela soit nouveau pour moi, c’était une chose à laquelle on prenait goût à une vitesse folle. Durant mon enfance, je n’avais jamais rien eu qui se rapproche des objets autour de moi. Je n’avais pas de lustre, juste une vieille ampoule suspendu au plafond. Pas de canapé, rien qu’un matelas, à même le sol, au milieu de la pièce principale, qui servait à la fois de lit et de sofa de fortune. Aucune verrière, mais une petite lucarne poussiéreuse, dont la vitre menaçait de craquer. Je secouai la tête. Je ne devais pas me laisser distraire par ces souvenirs, c'était du passé. Tout était fini, j'étais une agent maintenant. Du moins, si je voulais l'être, je devais mener à bien cette mission. J'essayai de repérer ma cible. La cinquantaine, grisonnant, répugnant. Je fus choquée par la ressemblance. Il ressemblait comme deux gouttes d'eau à l'ancien proxénète de ma mère. Celui qui m'avait fait vivre un enfer. Qui avait volé mon frère jumeau pour en faire son apprenti, celui qui avait tué ma mère, qui m'avait obligé à servir jusqu'à ce que je sois en âge de remplacer ma génitrice dans son bordel. Bien sûr, j'étais partie avant que ce jour n'arrive. Je m'étais rebellé, chose que ma mère n'avait jamais réussi à faire. Car elle était faible, contrairement à moi.
Attrapant une coupe de champagne, je le dévisageai. C'était fou, cette ressemble. Il me serait encore facile de le liquider, je n'aurais qu'à imaginer mon ancien bourreau. J'avalai encore une gorgée avant de mettre mon plan en œuvre. Cet homme, Viktor Stanev, était un milliardaire russe qui d'après la Division devenait dangereux pour l'Etat. Je me fichais bien de ce qu'il avait fait ; je n'avais même pas cherché à le savoir. J'aurais tout fait pour la Division. Après tout, il m'avait sorti d'un merdier sans nom. Je leur devais tous. Je leur donnerais tout s'il le voulait. Je devais faire partie des leurs maintenant, l'échec n'était plus une option. Ils m'avaient nourri, logé, entraîné. Je devais leur prouver que je méritais ma place parmi eux. Plus motivée que jamais, j'avançai à grande enjambé vers le milliardaire. Ce dernier avait un faible pour les adolescentes. Du haut de mes dix-sept ans, j'avais tout pour lui plaire. Affublée d'une robe noire, moulante, aguicheuse, j'étais la cible parfaite.« Bonjour. » lançai-je d'une voix suave, sure de moi. Je devais réussir. Et j'allais le faire.

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La crosse du pistolet entre les mains, je respirai à grands coup. Campé sur mes jambes, je savais que je devais fuir. Et vite. Autour de moi, six corps gisaient, étendus par terre, percés de plusieurs balles chacun. Six victimes. Six vies ôtées. Ça devrait me faire quelque chose. Et pourtant, je ne ressentais rien. Rien si ce n'est une étrange admiration pour ses hommes allongé au sol, immobile. La mort m'avait toujours fasciné. Je m'approchais à pas feutré du corps de Viktor, étendu sur le lit. Je l'avais achevé en premier. Une balle dans la tête. Entre les deux yeux. Fière de mon œuvre, j'éprouvais une sensation malsaine en fixant le milliardaire. De la fascination pour son pauvre corps sans vie. Une voix dans l'oreillette me fit sortir de mes pensées. « Tu ferais mieux de ficher le camp gamine, ils arrivent en renforts. Tu as déjà battu le record, pas la peine d'en rajouter. » Je hochai la tête, même si je doutais qu’ils puissent me voir. Je quittai la chambre au pas de course, non sans jeter un dernier coup d’œil sur la scène du crime. Mon chef d’œuvre.